"Dessinatrice depuis toujours, Dalila Dalléas Bouzar s’est d’abord formée à la biologie avant de découvrir la peinture lors d’un workshop à Berlin. Devenue pour elle un défi permanent, elle s’inscrit aux Beaux-arts de Paris pour perfectionner cette pratique qui devient son medium de prédilection.
Son style figuratif, à la croisée du réalisme et de l’onirisme, refuse l’autorité d’un dessin trop net au profit d’une expérimentation sans limite des couleurs et d’un traitement contrasté de la lumière. Du politique à l’historique, du biologique au psychologique, son œuvre interroge à plusieurs niveaux les pouvoirs de la représentation picturale, à rebours de toute tendance expressionniste ou illustrative. Son obsession à peindre des corps et des visages (les siens comme ceux des autres) traduit sa volonté de considérer le portrait comme un moyen d’investigation identitaire ou d’expression critique des rapports de domination, qu’il s’agisse du patriarcat ou du colonialisme.
Particulièrement sensible aux violences faites aux corps, elle considère la peinture comme un moyen de préserver, de régénérer ou de réinventer leur intégrité. Sa pratique s’est élargie à la performance puis à l’art textile, deux moyens d’éprouver son corps dans la forme rituelle et la création collective.
Née à Oran, de parents algériens, elle tire de sa double culture d’autres rapports à l’image, à l’objet et au sacré, attentive aux dissonances culturelles qu’elle crée comme à l’hégémonie des représentations occidentales dans l’histoire de l’art. Elle qui s’identifie avant tout aux femmes africaines et à leurs traditions puise dans la mémoire algérienne les formes d’une histoire de la violence à laquelle son œuvre vient répondre.
De l’image au corps, entre forces du cosmos et puissances de l’esprit, Dalila Dalléas Bouzar donne ainsi une visibilité, une présence lumineuse, à ces identités blessées pour mieux rendre hommage à leur puissance." Florian Gaité
Retour au sommaire