Il a fondé sa famille à Bangui après avoir passé son enfance en pleine nature dans un village aux alentours de Bossangoa, entre la vie au foyer entretenu par sa mère, les grandes chasses de son père féticheur, et l'école des missionnaires.
A la suite de l'anéantissement des fétiches de son père par les évangélistes, le jeune Joël quitte le foyer détruit et se rend à Bangui où il entre à l'Ecole des Métiers d'Art.
Il s'engage dans une profonde réflexion à partir de 1997, avec "L'Homme et la Nature", sculpté dans une belle fourche de cassia de 2,5 mètres où s'opposent sa culture ancestrale et la culture technologique occidentale, réunies en leur sommet par les représentations de la procréation et de la sensualité.
Gros pavé dans le marigot des arts convenus, l'œuvre a levé de nombreux tabous qui pesaient jusqu'alors sur la liberté des discours et des représentations en RCA.
Dès lors, en gardant l'avantage des défis lancés, il n'a pas cessé d'expliciter et de défendre les concepts irréductibles de sa culture qui régissent "naturellement" jusqu'à aujourd'hui les êtres humains entre eux, les rapports entre l'Homme, la Femme et la Mère…
Chacune de ses créations est l'aboutissement d'une réflexion approfondie sur les prédicats de sa culture. Après avoir effectué un travail de mise à jour, il va alors concevoir son oeuvre avec les moyens que lui donnent ses deux matériaux de prédilection : le corps humain et le bois…
Le corps humain, analysé pour prélever des détails signifiants qui viendront architecturer le sens recherché pour l'accomplissement de l'œuvre.
Le bois dont il sait admirablement tirer parti de chaque volume, de chaque veine, de chaque fil et qu'il travaille en parfaite ronde-bosse.
Après une résidence artistique au Cameroun, ses dernières créations font ressortir une démarche plus profondément intériorisée où les partis pris de l'artiste s'affirment avec plus de véhémence dans les bouleversements dramatiques qu'a connu son pays.

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